La Corse

Le vignoble corse est le vignoble français le mieux ensoleillé avec 2 885 heures s’ensoleillement par an. Il bénéficie d’un climat méditerranéen avec des écarts de température élevés, des vents violents et des précipitations irrégulières. La diversité des sols (granitiques, schisteux, sédimentaires ou calcaires) et le cloisonnement de l’île ont permis à de nombreux cépages de prospérer : des cépages méditérranéens tels que le nielluccio à la puissance tannique dominante, sciaccarello plus fruité, le vermentino, aleatico, barbarossa, bianco gentile, mais également des cépages continentaux.
Chaque vallée bénéficie d’un microclimat différent. Elle offre également une palette de sols idéaux pour la vigne : schistes à l’Est, granits à l’Ouest, sédiments au centre, affleurements calcaires au Nord et au sud.

Les vins corses sont des rouges profonds, puissants et fins, des rosés scintillants et des blancs limpides.

Ils bénéficient de trois types d’appellation : régionales, village et crus (avec Ajaccio et Patrimonio)

L’AOC corse ou vins-de-corse peut être produite dans les trois couleurs sur l’ensemble des terroirs classés de l’île, à l’exception de l’aire d’appelation de patrimonio, au nord. Selon les régions et les domaines, les proportions respectives des différents cépages ainsi que les variétés des sols apportent aux vins des tonalités diverses. Les nuances régionales justifient une dénomination spécifique des microrégions, dont le nom peut être associé à l’appellation. La majeure partie de la production est issu de la côte orientale.
La plupart des grands domaines proposent des vins à boire dans les trois à six ans. Les millésime 2007 et 2008 sont très réussis ainsi que le 005. Le millésime 2006, marquée par des pluies importantes durant l’été, présente de moins bonne concentration des arômes.

Histoire

Les vins corses sont l’héritage d’un savoir-faire et d’une tradition viticole qui remontent à l’Antiquité. Ils ont néanmoins vécu une histoire mouvementée et le vignoble corse, de très fortes variations. Six siècles avant J.C, le vin d’Alalia aujourd’hui Aléria) était déjà l’un des breuvages favoris des Grecs, il fera ensuite le bonheur des Romains. En 35 avant J.C, Virgile vante dans l’un de ses ouvrages « la couleur rubis et le goût si agréable du vin de Balagne ». Après la chute de l’Empire romain, la vigne corse survivra aux siècles d’invasions et de troubles qui suivirent et au XIe siècle, les Pisans, puis les Génois, consommeront abondamment la production de l’île qui sera notamment utilisé comme vin de messe. Après la cession de la Corse à la France en 1768, la renommée des viticulteurs corses est telle qu’ils continuent leur activité et leurs exportations notamment vers l’Italie. Au XVIe siècle, le cartographe Ignazio Danti qui a peint la Corse dans la galerie des cartes géographiques vaticanes « Cortile del belvedere » écrit : « La Corse a reçu quatre dons majeurs de la nature : ses chevaux, ses chiens, ses hommes fiers et courageux et ses vins, generosissimi, que les princes tiennent en l’estime la plus haute ! » Aux XVIIIe et XIXe siècles, la viticulture corse connaît un développement spectaculaire. Entre 1788 et 1896, sa production fait plus que doubler, et l’île peut facilement exporter vers la région parisienne grâce à l’arrivée du chemin de fer à Sète. À la fin du XIXe siècle, le phylloxera qui détruira 85 % de la vigne corse provoque un effondrement de la production et une véritable catastrophe économique. L’exode rural puis la première guerre mondiale videront les zones cultivées de leurs forces vives et le vignoble corse passera de vingt mille hectares en 1880 à moins de cinq mille hectares en 1930. Au début des années 1960, avec l’installation en Corse de 17 000 rapatriés d’Algérie. La viticulture corse va être relancée, la superficie du vignoble corse atteint trente mille hectares, mais de manière quasi industrielle au point d’en être totalement bouleversée : plantation de cépage à gros rendements sur près de quatorze mille hectares, multiplication par quinze du vignoble de la Plaine orientale, alors qu’en 1960, 70 % des vignes étaient composées de cépages locaux, huit ans plus tard ils ne représentaient plus que 13 % des surfaces ! Peu à peu les vins corses prennent la place occupée par les vins de table, dans une gamme de vins à petit prix et de qualité médiocre. Cependant cette politique va à l’encontre des nouvelles habitudes de consommation constatée alors que les ventes de vins de table s’effondrent à partir des années 1970. En vingt ans, la viticulture corse perd les deux tiers de ses vignobles dont la superficie globale passe de trente-deux mille hectares à seulement dix mille hectares à la fin des années 1990, ruinant l’économie locale. Dans les années 1970, la viticulture corse cristallisera les problèmes politiques et sera le détonateur de la revendication nationaliste, notamment à la suite des événements d’Aléria et les méfaits de leur production intensive.

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Appelations

10 appellations en Corse ( 9 AOC + 1 IGP ), 5 appellations de type Villages (1976) :

  • Corse Calvi
  • Corse Sartène
  • Corse Figari
  • Corse Porto-Vecchio
  • Corse Coteaux du Cap Corse

2 appellations Crus

  • Ajaccio (1976)
  • Patrimonio (1968)

1 appellation pour les vins doux naturels (1993)

  • Muscat du Cap Corse

1 appellation régionale (1976)

  • Corse

1 appellation Indication Géographique Protégée (2009)

  • IGP Ile de Beauté

Cépages

L’île de beauté est restée sous l’influence gênoise de la fin du XIIIe siècle à 1769. Aussi ne s’étonnera-t-on pas d’y trouver des cépages voisins de ceux de la Sardaigne et de la péninsule.

30 cépages autochtones dont 6 nobles. Le vignoble corse a la chance de posséder plus de trente cépages typiques. Parmi eux, six grands cépages nobles ont été réintroduits, essentiellement pour les AOC afin de développer cette typicité corse si recherchée.
Le niellucciu (ou nelluccio) (cépage rouge) base de la renommée des vins de Patrimonio. Il possède un « nez de fourrure de lièvre et de réglisse », et libère des arômes de petits fruits rouges, de violette, d’épices et d’abricot. Les baies rouge profond du nielluccio apportent au vin sa couleur profonde, ses tanins, ses arômes de fruits rouge, de violette et cette note boisée teintée de parfums du maquis.
Le sciaccarellu (ou sciaccarello), grand cépage noir des vignobles de la région d’Ajaccio, de la Corse granitique de l’Ouest. Il produit un vin charpenté, souple et aristocratique, aux senteurs d’épices, de fleurs et de maquis. Il représente une part notable des assemblages.
Le vermentinu (ou vermentino), cépage blanc qu’on appelle aussi « malvoisie de Corse ». Il donne des vins aux arômes floraux forts. Il est considéré comme un des meilleurs blancs de la Méditerranée. Il est également utilisé pour la réalisation de rosés à forte personnalité. Ses baies couvertes d’une peau épaisse blanche donne une chair ferme et juteuse. Le vin produit est parmi les meilleurs blancs méditerranéens : équilibré, gras et parfois un peu acide, avec des arômes tels que l’aneth sauvage, l’aubépine, la camomille, le fenouil, la noisette, ainsi que des notes florales de pêches de vigne, pamplemousse, poire et pomme
L’aleatico (cépage rouge). Sa zone de prédilection, c’est la côte orientale, la région de Porto-Vecchio et du Cap Corse. Il donne des vins très aromatiques à la couleur foncée.
Le biancu gentile (bianco gentile) (cépage blanc). Sans doute a-t-on affaire avec le bianco gentile, pourtant si peu cultivé à ce que la Corse a de plus typique offrant des vins reconnaissable à leurs couleurs variant du vert au doré avec un nez dévoilant des notes de fruits exotiques et d’agrumes. Le barbarossa (cépage blanc). On le rencontre dans les appellations Sartène, Porto-Vecchio, Figari, Ajaccio et sur la Côte Orientale donnant des vins cristallins.

Autres cépages :

  • biancone
  • brustianu
  • carcajolo biancu
  • carcaghjolu neru
  • codivarta
  • cualtacciu
  • genovese
  • minustellu
  • montanaccia
  • muscateddu
  • murescola
  • muresconu
  • muriscu
  • paga debiti
  • prumeste
  • riminese
  • rossula bianca
  • vintai

Les chiffres clés

5 782 Hectares soit 1 % du vignoble français
295 producteurs : 135 caves particulières (50% en bio), 160 apporteurs à 4 caves coopératives
70% rosé, 17% rouge, 13% blanc
50 millions de bouteilles par an vendues suivant la répartition suivante : 35% sur l’ile, 45% en Métropole, 20% à l’export

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Avant de dire qu'un vin est mauvais, pensez à ceux qui l'ont fait et à ce qu'il vous a couté. Parce qu'au final, quoi qu'il arrive, on en boira toujours du plus mauvais !